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Sommaire

La culture culinaire de l’Étoile du Nord

Dans ma recette de brioches à l’orange je vous ai déjà parlé des origines de mon mari. Il vient du Minnesota, un petit état de quelques millions d’habitants dans le région de l’Upper Midwest. Je vous avais parlé brièvement de ses racines françaises. La recette d’aujourd’hui, le gratin de riz sauvage au poulet (ou en anglais minnesotain : chicken and wild rice hotdish), nous permettra de nous attaquer à deux autres facettes de son identité culturelle : autochtone et scandinave.

Ce plat résulte, en effet, de la fusion de ces deux éléments fondamentaux de la culture culinaire du « Pays aux dix milles lacs ». La céréale officielle de l’état, le riz sauvage et la passion des descendants d’immigrants Scandinaves pour les plats au gratin.

Histoire de la recette

Le riz sauvage

Le riz sauvage est une céréale d’origine nord-américaine produite par une plante aquatique appelée « zizanie des marais » (Zizania palustris). Comme son nom l’indique, elle pousse naturellement dans les marais, les lacs, les rivières et autres terres inondées. On la rencontre surtout dans la région des Grands Lacs de part et d’autre de la frontière canado-américaine, donc dans les provinces canadiennes de Saskatchewan, du Manitoba et de l’Ontario ainsi que dans les états américains du Michigan, du Wisconsin, du Minnesota et du Dakota du Nord. Elle constitue la base de l’alimentation des nations autochtones de cette aire géographique. Comme cette région du Nouveau Monde a été explorée en premier par les Français, son premier nom européen est « folle avoine ». Les Français ont aussi donné ce nom en guise d’ethnonyme aux Menominee puisque ce sont eux qui leur ont fait connaître ce grain.

Historiquement, l’une des proches parentes de cette plante, la zizanie à fleurs blanches ou zizanie aquatique (Zizania aquatica) aux grains un peu plus courts a aussi été consommé au Québec par nos ancêtres dans une moindre mesure qui en ont appris la culture des nations autochtones de la vallée du Saint-Laurent. Chez nous, cette céréale était utilisée surtout pour couper le riz blanc importé de France qui coûtait extrêmement cher. De nos jours, on retrouve toujours le riz sauvage coupé dans des mélanges de riz multigrain, mais pour la raison inverse cette fois. Actuellement, c’est le riz sauvage qui est onéreux.

Les hotdish

La recette d’aujourd’hui est une version de ce que les Minnesotains appellent un hotdish (littéralement « plat chaud » en français). Les hotdish sont considérés comme de véritables monuments culinaires au pays de l’Étoile du Nord. Ces plats entrent dans la catégorie que le reste de l’anglophonie nomme casseroles. La langue française ne connaît pas d’équivalent exact, mais pour les besoins de l’exercice, on pourrait les nommer « gratins ». Les hotdish sont donc une famille de plats plutôt qu’une recette spécifique.

La version moderne d’un hotdish pourrait se définir comme un assemblage de viande (généralement du boeuf haché, du jambon ou du poulet), de féculent (pommes de terre, nouilles ou riz), de légumes (des haricots verts, des carottes ou des petits pois), le tout dans une sauce crémeuse (le plus souvent de la crème de champignons en boîte de la marque rouge bien connue) et recouvert d’une garniture croustillante (des oignons frits, des amandes effilées ou des tater tots). Les plats que l’on connaît aujourd’hui et qui portent ce nom seraient nés pendant la Grande Dépression. En effet, la première mention du mot hotdish remonte à 1930 dans un livre de cuisine communautaire intitulé Cookbook colligé par les Grace Lutheran Ladies Aid de Mankato, la ville natale de mon mari (voir cet article de MPRNews). Cette recette originelle comportait du boeuf haché, des oignons, du céleri, des petits pois, de la soupe de tomates et des pâtes, le tout cuit ensemble au four dans un plat à gratin. Vous allez penser que ce n’est qu’un macaroni à la viande formule one pot pasta avant l’heure. Ce n’est pas tout à fait vrai.

Les origines des hotdish dans le contexte du Minnesota, mais aussi de certaines localités dans les autres états de l’Upper Midwest sont beaucoup plus complexes. Les hotdish sont des incontournables des repas communautaires et des potlucks des églises luthériennes et leur vraie origine remonte à l’arrivée des immigrants scandinaves (surtout de Norvège et de Suède) sur le territoire vers le milieu du XIXe s. Les gratins en tous genres, tels que le Janssons fretelse (« tentation de Jansson ») de Suède, sont des plats emblématique de la cuisine scandinave et ce sont de ces plats que descendent les hotdish. Leur rôle dans la culture scandinave (servis lors de rassemblements et de fêtes) est le même qu’au Minnesota.

Pour plus de détails sur l’histoire et l’importance culturelle des hotdish au Minnesota, je vous suggère ce reportage de Maria Bartholdi intitulé Minnesota Hotdish : A Love Story :

Minnesota Hotdish: A Love Story from Maria Bartholdi on Vimeo.

La recette

Chicken and Wildrice Hotdish

Pour 6 à 8 personnes - Préparation : 15 min. - Cuisson : 30 min. (pré-cuisson du riz) + 45 min. (cuisson finale au four)

Ingrédients

  • 1½ t. de riz sauvage ;
  • 4½ t. d’eau (pour la cuisson du riz) ;
  • 500 g (env.) de restes de poulet cuit ou 2 poitrines de poulet désossées sans peau, cuites ;
  • 1 l (4 t.) de crème de champignons (faite maison ou 2 conserves de soupe condensée préparées) ;
  • ½ t. de petits pois surgelés ou de grains de maïs ;
  • ¼ t. d’amandes effilées ;
  • ¼ t. de garniture aux oignons frits.

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Préparation

  1. Préchauffez le four à 350°F (180°C).
  2. Rincez le riz sauvage à l’eau courante pour le débarrasser de toute impureté, placez-le dans une casserole avec de l’eau et couvrez. Chauffez à feu vif, portez à ébullition, baissez le feu à doux et laissez frémir 30 min. à couvert.
  3. Coupez les restes de poulet cuit en cubes. Si vous n’utilisez pas des restes de poulet, faites cuire les poitrines pendant ce temps. Vous pouvez les frire à la poêle ou les pocher.
  4. Au bout de 30 min. la pré-cuisson partielle du riz est terminée, égouttez-le. Le riz sauvage prend longtemps à cuire. À ce moment, les grains devraient encore être coriaces et plus ou moins intacts.
  5. Dans la casserole qui a servi à cuire le riz sauvage, mélangez ce dernier, la crème de champignon, les pois ou le maïs et le poulet. Versez le tout dans un plat à cuisson allant au four muni d’un couvercle. Saupoudrez le dessus avec d’amandes effilées et d’oignons frits. Couvrez le plat, enfournez-le et faites le cuire 30 min. Au bout de ce temps, retirez le couvercle et poursuivez la cuisson 15 min. de plus ou jusqu’à ce que le dessus soit bien doré et croustillant.
  6. Servez brûlant, au centre de la table, à la bonne franquette.

Notes

Cette recette est vraiment délicieuse en plus d’être facile à préparer et très nutritive. C’est une excellente façon d’utiliser des restes de ma crème de champignons et des restes de poulet. Vous n’avez pas de crème de champignon maison? Je ne vous jugerai même pas si vous utilisez la conserve rouge, après tout c’est ça la tradition!

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Bon appétit!